Joseph PIERSON

On ne sait presque rien de Joseph PIERSON, ni vraiment d’où il venait ni ce qu’il est advenu de lui. On sait seulement qu’il est né en décembre 1841 et qu’il fut intégré à l’AP aussitôt (n°3615 de 1841). Après avoir été envoyé à Béthune (62) quelques jours après son intégration et où il passa toute son enfance, il arriva à la Colonie le 9 avril 1855, le même jour qu’Eugène COLLOTTE. On ne sait pas quand ni si il en sortit.

Extrait de la liste des jeunes enfants envoyés à la Colonie le 9 avril 1855.

Pourquoi le citer ? Car il grava son nom dans une pièce de la maison où j’ai grandi, « le couloir du puits » ainsi qu’on l’appelle aujourd’hui, qui devait sans doute servir d’annexe au cachot à certaines époques… A moins que ce ne fut l’un de ses camarades qui ne grava son nom en son souvenir, si l’on s’imagine que son destin à la Colonie ait été funeste ?

Le nom de « Pierson » gravé sur un mur de la Colonie.

Joseph PIERSON peut-il être l’enfant dont le corps a été enterré dans la maison ? Il est très probable que l’enfant qui mourut à la Colonie fut un parisien pendant la période de plus grande densité de population : trop d’enfants, des conditions d’accueil médiocres, des difficultés à les encadrer et à gérer leur violence, des évasions nombreuses, etc. Tout incite à cibler cette époque, soit entre 1858 et 1861, pour le camouflage d’une mort qu’on imagine accidentelle et potentiellement violente. Faire connaître le décès d’un enfant à son département d’origine aurait entraîné une baisse de l’allocation reçue par la Colonie.

L’AP étant un partenaire certainement plus exigeant (visites régulières, davantage de demandes : par exemple pour un instituteur sur place, etc.) et probablement meilleur payeur que le Département, il y avait donc un enjeu à ce qu’aucun enfant de la Seine ne disparaisse pendant son séjour : il en allait de la renommée mais surtout du financement et donc de la survie de l’établissement.

La direction de la Colonie, si elle avait été informée de ce décès (ce dont on peut douter au vu la localisation de la dépouille), aurait peut-être jugé plus opportun de cacher la mort d’un Parisien pour conserver des revenus constants. Mais l’AP étant particulièrement observante du bien-être de ses élèves, comment alors cacher la disparition de l’un d’eux ? Prétexter une fugue semble l’hypothèse la plus plausible. Comment les jeunes colons ont-ils réagi à cette disparition ?

Quoiqu’il en soit, nous pouvons douter d’une telle dissimulation de la part du directeur, qui, dans ces premiers courriers, a joué la transparence totale avec l’AP. Après 1859, les courriers se font certes plus rares et surtout plus brefs et davantage focalisés sur l’argent que sur le bien-être des pensionnaires. Raison de plus pour cibler cette période pour dater cette sordide histoire !

Le rapport de la gendarmerie sur la découverte des restes de l’enfant, en 1948, n’a pas pu être retrouvé. Il aurait pu révéler des faits intéressants sur la taille et donc l’âge probable de l’enfant à son décès. De même, aucune information sur sa sépulture n’a pu être consultée. Il est fort probable que l’on ne sache jamais de qui il s’agissait. Quoiqu’il en soit, Joseph fait un bon candidat pour endosser le rôle de la victime de cet accident (ou meurtre ?).

Intégration de Joseph Pierson à l’Assistance publique de la Seine.

C’est ainsi que s’achève (pour le moment) la présentation non exhaustive des anciens pensionnaires de la Colonie.

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