Colonie(s) agricole(s) ?

Les colonies agricoles étaient des établissements qui ont fonctionné pendant le XIXe siècle et qui recevaient des jeunes garçons, parfois même dès 6 ans, et jusqu’à leur 21 ans maximum.

Le principe des colonies agricoles était résumé par la formule : « L’amendement de l’enfant par la terre et de la terre par l’enfant ». Ces établissements poursuivaient donc deux buts : l’éducation morale des enfants par le travail de la terre et la production agricole à moindre coût, assez souvent sur des terrains jugées médiocres ou incultes.

Il existait des colonies agricoles de deux types : les unes, pénitentiaires, pour les jeunes détenus ; les autres pour les enfants assistés estimés difficiles.

Colonies agricoles pénitentiaires pour jeunes détenus

La loi du 5 août 1850 sur les jeunes détenus de moins de 16 ans instituait trois types d’établissements, selon la gravité des faits reprochés :

  • les établissements pénitentiaires,
  • les colonies pénitentiaires (souvent agricoles),
  • les colonies correctionnelles.

La condamnation, d’une durée déterminée, ne pouvait pas aller au-delà des 21 ans des jeunes détenus.

Aussi appelées « pénitenciers agricoles », les colonies agricoles pénitentiaires étaient majoritairement privées ou, à défaut, publiques et ainsi entièrement gérées par l’État. Les colonies privées étaient néanmoins placées sous surveillance ministérielle et se voyaient accorder des subventions pour leur fonctionnement.

Outres les enfants envoyés par l’administration judiciaire, ces établissements pouvaient également accueillir des enfants assistés ou des jeunes envoyés par leurs parents (la « correction paternelle » permettait aux parents de faire emprisonner leur enfant si celui-ci était jugé trop difficile).

En Indre-et-Loire, la colonie agricole pénitentiaire de Mettray fut rendue célèbre par l’ouvrage Le Miracle de la Rose de Jean Genet. Quant à Jacques Prévert, il rendit un hommage bien sombre à celle de Belle-Île-en-Mer avec son poème La chasse à l’enfant.

Colonies agricoles pour enfants assistés

Des colonies agricoles d’un type très différent, non soumises à la loi de 1850, virent également le jour au XIXe siècle.

Relevant de l’assistance publique, elles accueillaient des enfants assistés (trouvés, orphelins ou abandonnés), d’où l’appellation parfois usitée d’« orphelinats agricoles ». Les enfants y étaient placés par l’administration hospitalière, en charge des enfants assistés, uniquement car ils étaient jugés « vicieux » par l’administration ou par les familles dans lesquelles ils étaient auparavant placés.

Les enfants restaient dans les orphelinats agricoles pour des durées indéterminées (jusqu’à 21 ans maximum) et sans condamnation préalable par la justice. Ces établissements étaient exclusivement d’initiative privée, généralement motivée par la charité, et étaient assez souvent dirigés par des religieux.

Les enfants ne portaient pas d’uniforme de prisonnier, comme dans les colonies pénitentiaires, mais plutôt l’habit local. L’objectif de l’administration hospitalière (puis de l’assistance publique, co-gérée avec le département) était de former de bons ouvriers agricoles, adaptés aux us, coutumes et productions locales. L’enseignement y avait donc une part importante et la discipline y était moins militaire que dans les colonies pénitentiaires.

La colonie qui nous intéresse était une colonie agricole pour enfants assistés.

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